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Silvia Federici [constate que] la chasse aux sorcières, qui s'étendit du XIVe au XVIIe siècle en Occident "demeure l'un des phénomènes les moins étudiés de l'histoire".
Barbara Ehrenreich et Deirdre English : "Comme pour toute histoire, celle des sorcières fut rapportée par l'élite instruite, ce qui fait qu'aujourd'hui, nous ne les connaissons qu'à travers les yeux de leurs persécuteurs."
"Sorcières, sages-femmes et infirmières", paru en 1973, est l'un des premiers essais à raconter la persécution des sorcières, non plus en les considérant comme des coupables, mais comme des victimes.
Cette "guerre des femmes", affirment les auteures ne fut pas un phénomène "mineur" : si des centaines de milliers de femmes furent massacrées, torturées ou exilées**, c'est parce qu'elles menaçaient la structure et la distribution du pouvoir. La chasse fut menée par la classe dirigeante contre la population féminine paysanne, les sages-femmes et les guérisseuses, qui étaient souvent "les seuls médecins généralistes d'une population qui n'avait ni docteurs ni hôpitaux et qui souffrait amèrement de la pauvreté et de la maladie.". On passa alors d'une médecine "douce" et empirique, basée sur une compréhension des os et des muscles, des plantes et des médicaments, à une médecine "héroïque", faite de saignées, lavements et forceps obstétricaux. Le premier enjeu fut donc celui du contrôle et de la confiscation de la connaissance : "une médecine masculine pour la classe dominante sous les auspices de l'Eglise était acceptable, une médecine féminine intégrée à une sous-culture paysanne ne l'était pas". Pas plus que la maîtrise et les savoirs exercés par les femmes sur leurs fonctions reproductrices, des siècles durant.
Ce "gigantesque gaspillage de talent, d'éducation, d'expérience", cette politique de terreur (qui s'exerça contre les Juifs et les Chrétiens hérétiques aussi) se déroulèrent à l'apogée de la Renaissance, en pleine floraison des arts, des sciences et de l'humanisme. Contrairement à l'idée propagée par les Lumières, le Moyen Age "superstitieux", n'a persécuté aucune sorcière.
Silvia Federici : "Le concept même de sorcellerie ne fut pas formulé avant la fin du Moyen Age, et il n'y eut jamais au cours de "l'Age sombre", de procès collectifs et d'exécutions, alors que la magie imprégnait la vie.".
"Alors qu'au Moyen Age les femmes avaient pu employer diverses formes de contraception, avaient exercé un contrôle incontestable sur le processus d'enfantement, leurs utérus, à partir de ce moment-là, devenaient un territoire public, contrôlé par les hommes et l'Etat, et la procréation était directement mise au service de l'accumulation capitaliste."
".. l'ampleur du massacre aurait dû éveiller quelques soupçons … . La chasse aux sorcières a eu lieu en même temps que la colonisation et l'extermination des populations du Nouveau Monde, les enclosures, le début de la traite des esclaves, la promulgation des "Bloody Laws" (réprimant) les vagabonds et mendiants … . On aurait pu trouver un sens à tout cela."
** : la question est controversée chez les universitaires : le nombre de femmes accusées de sorcellerie s'élèverait à deux cent mille sur trois siècles.
Les chasses aux sorcières sont-elles définitivement derrière nous ? L'affrontement entre la médecine "héroïque" et la(les) médecine(s) douce(s) est-il terminé ?
Oh que non !
23 mai 2015, JT de France 2, un débat : Peut-on se soigner avec les plantes ?
En présence Michel Pierre, herboriste, et François Chast, chef de service de pharmacie à l'Hôpital Cochin Hôtel Dieu.
De toute évidence, M Chast n'aime les plantes que lorsqu'elles sont mélangées, mixées, (mal)traitées avec d'autres produits nettement moins naturels. Et tente de démontrer une équation simple :
herboriste = charlatan !
Il emploie ce mot à propos de la (re)création d'un diplôme d'herboriste** qui, pour lui serait un diplôme de charlatan.
**Pour mémoire, le diplôme d'herboriste a été supprimé par Pétain en 1941 !
Pour moi, la question n'est pas de trancher entre phytothérapie et allopathie. Ce qui est frappant, c'est le manque de respect de M. Chast pour les herboristes et ceux qui y ont recours. Car à herboriste = charlatan, il ne manquait plus que :
herboriste = charlatan = sorcier = à envoyer au bucher !
La vidéo du débat. Durée = 2mn39
Sorcières, sages-femmes et infirmières, Barbara Ehrenreich et Deirdre English, édition Cambourakis, collection Sorcières, 2015
Rêver l'obscur, Femmes, magie et politique, Starhawk, édition Cambourakis, collection Sorcières, 2015
Caliban et la sorcière, corps et accumulation primitive, Silvia Federici, édition Entremonde-Senovero, 2014
Colette Arnould, professeur de philosophie à la Sorbonne, est l'auteur d'une remarquable Histoire de la sorcellerie (Texto, Perrin, 2009).
La « grande chasse aux sorcières » a fait l'objet d'une enquête passionnante, complète et très érudite par Jacques Roehrig : Procès de sorcellerie aux XVIe et XVIIe siècles - Alsace, Franche-Comté, Lorraine (éditions Trajectoire, 2016).
À noter deux magazines consacrés au sujet :
•« Le diable, de l'ange déchu à l'axe du Mal », Historia Thématique, N°98, novembre-décembre 2005,
• « L'Inquisition contre les sorcières », L'Histoire, février 2019.
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1673 : Procès en sorcellerie à Diemeringen (67) - DES ANCETRES ET DES ACTES
"Brûlé comme sorcier après avoir été décapité par l'épée" Auteur de l'article : Robert Weinland "J'ai trouvé dans les registres paroissiaux de Diemeringen un acte de décès qui porte la ...
https://jmffgenealogie.over-blog.com/1673-proces-en-sorcellerie-a-diemeringen-67.html
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